art talk SaarLorLux

Verena Feldbausch

art talk - im Gespräch mit Mélodie Meslet-Tourneux

Keramikkunst und analoge Fotografie im Castel Coucou in Saargemünd, Lothringen

20.03.2024 35 min Verena Feldbausch

Zusammenfassung & Show Notes

Die französische Künstlerin Mélodie Meslet-Tourneux spricht über ihre Ausstellung TERRE (Erde) im Castel Coucou in Saargemünd in Lothringen, Frankreich. Als Keramikerin und reisende Fotografin erkundet  Mélodie Meslet-Tourneux die Welt derer, die dem Ton Form verleihen. Hier stellt sie zwei Produktionsstätten, eine in Burkina Faso und eine in Marokko, einander gegenüber. Die Installation zeichnet die Gesamtheit ihrer Recherchen und die zahlreichen Begegnungen vor Ort nach. Die Künstlerin setzt ihre Erkundungen in Lothringen fort und befindet sich derzeit im Musée de la Faïence in Saargemünd in Residenz.

Mehr Infos über Mélodie Meslet-Tourneux findet ihr auf ihrem Instgram-Profil: melodie.meslet

Mehr über den das Kollektiv bitchissme in Meisenthal gibt's auf Instagram: https://www.instagram.com/b.itchissime/  und auf Facebook: https://www.facebook.com/lechaletdusaupferchofficiel

Veranstaltungen im Castel Coucou findet ihr hier:
http://www.castelcoucou.fr, Öffnungszeiten: Mittwoch bis Samstag 14 bis 18 Uhr.
Die nächste Finissage von Mélodie Meslet-Tourneux' Ausstellung ist am 6.4. ab 14 Uhr im Castel Coucou.

Deutsche, englische und französische Untertitel findet ihr auf You Tube: https://www.youtube.com/watch?v=Pk255M8Pf7Yhttps://www.youtube.com/watch?v=Pk255M8Pf7Y und in unserem Blog: https://feldbausch.com/blog/https://feldbausch.com/blog/

Wissenswertes über das Faience-Museum in Saargemünd: https://www.sarreguemines-museum.fr/fr/decouvrir/musee-de-la-faience

Mehr Kunstpodcasts von art talk und Fotos der Werke von Mélodie gibt's in meinem Blog: https://feldbausch.com/blog/

Mehr über art trailer findet ihr hier:
https://feldbausch.com/



Transkript

(Musique) Nous parlons de l'art à art talk, le podcast artistique de SaarLorLux. Nous rencontrons les curateurs et les artistes là où ils exposent. Avec nous, vous découvrez l'art contemporain et les espaces de l'art extraordinaires de notre région. Faites partie des discussions de galeries, des ouvertures vernissages et des finissages. Art Talk est à tous les endroits où il y a des podcasts. (Musique) Bonjour et bienvenue à une nouvelle épisode d'art talk. Cette fois, nous restons en français, car nous avons l'artiste Mélodie Meslet-Tourneu à notre hôtex et nous avons regardé avec elle son exposition au Castel Coucou, à Sarreguemines. Elle s'appelle Terre. Et pour ceux qui ne sont pas si sûrs en français, vous pouvez regarder les épisodes en anglais et en allemand sur notre chaîne YouTube ou sur notre blog art trailer Feldbausch. Comme toujours, vous trouverez tous les liens dans nos show notes. Bonne écoute vous souhaite Verena Feldbausch (Musique) Bonjour Meslet-Tourneux. Tu fais une exposition ici au Castel Coucou qui s'appelle Terre et qui est à voir jusqu'au 6 avril. Mélodie, est-ce que tu pourrais te présenter ? D'où viens-tu ? Quel est ton parcours artistique ? Ça marche. Alors moi je suis Angevine, je viens d'Anger de l'Ouest de la France. J'ai d'abord fait un bac en compétence artistique. Ensuite, je suis allée en mise à niveau art appliqué. Puis, je suis rentrée dans une école dans le nord de la France, à Arras, qui était une école des métiers d'art. J'y allais pour faire de la sculpture initialement. Et en fait, dans cette école, il s'avère qu'on pouvait, avant de démarrer cette formation, on testait toutes les formations. Et en fait, j'y allais pour la sculpture pour toucher à tous les médiums, parce que j'étais curieuse en fait un peu de tout. Et c'est là où j'ai fait du vitrail, il y avait scénographie, sculpture et céramique. Et arriver à l'initiation de céramique, ça a été le coup de foudre. Très vite, quand j'ai découvert l'argile, j'ai tout de suite essayé d'associer photo et terre. Et à la fin de cette formation, je sentais que j'avais envie d'aller plus loin dans ces recherches-là. Donc, j'ai démarré par la scénographie, par des techniques de transfert plus traditionnelles. Et je suis arrivée après aux Arts décoratifs de Strasbourg, où je suis arrivée en équivalence, donc la HEAR de Strasbourg aujourd'hui. Donc, je suis arrivée en équivalence et là, j'ai poursuivi mon travail de recherche. Et ensuite, j'ai fait une année le CFPI, le Centre de formation des plasticiens intervenants. C'est une formation que quelques établissements en France donnent. C'est-à-dire que moi, j'intervenais beaucoup avec les publics, mais ça nous apprend comment partager notre propre démarche avec les publics. Et ce qui m'a permis d'avoir plein d'approches, que ce soit le milieu carcéral, le milieu médical, la petite enfance, vraiment, on s'en va. Donc, ça, c'est mon parcours. Merci. Et maintenant, tu es à Sarreguemines. Qu'est-ce que tu fais ici, à Sargoumine ? Quelle inspiration te donne le lieu ? Alors, moi, je suis en résidence actuellement au Musée de la Faïence de Sarreguemines. C'est une direction que je voulais prendre depuis un moment. Parce qu'en fait, je suis dans mon travail, entre autres, je m'intéresse au côté universel de la céramique. Et je voyage, je passe un mois minimum dans un atelier. Donc, j'ai beaucoup voyagé. Je suis allée rencontrer les potières au Burkina Faso, les potiers à Fès au Maroc. Là, je travaille actuellement encore sur la poterie Kabil en Algérie. Et je me suis dit, mais comment mieux connaître la région dans laquelle je vis depuis 10 ans ? Et bien, de la même manière, en m'intéressant aussi de production céramique de la région. Donc, j'ai démarré, j'ai fait un travail que je démarre en 2018 sur une des dernières tuileries alsaciennes, à faire les tuiles à la main, une à une, dans des fours Hoffmann, qui sont pareil, c'est les derniers fours, en fait, qui ont leur particularité. Donc, ça, j'ai fait tout un travail dessus. Et là, je me tourne vers la faïencerie. Et là, c'est assez particulier parce que, contrairement à mes autres projets, elle n'est plus en activité. Mais ce passé faïencier est passionnant. Il y a encore des faïencières et des faïenciers qui sont sur le territoire. Donc, moi, ce que j'essaye de faire, c'est de rencontrer ces personnes, faiencières, mais aussi des personnes qui sont touchées par ce passé, qui ont des collectionneurs, des antiquaires, ou juste des gens qui vivent, en fait, sur le territoire. Pas plus tard que la semaine dernière, je rencontre Joseph par hasard dans une file d'attente, qui n'est pas ancien faiencier. Il a 83 ans. Ses deux tantes et son oncle étaient faienciers. Il me parle de son enfance où, à 12-13 ans, il amenait la gamelle à son oncle et ses tantes en manufacture. Et voilà, ces souvenirs de rentrer dans la manufacture le midi, d'essayer de regarder s'il n'y avait pas une petite tasse dans les rébus de l'usine. Des petites choses comme ça. Et je plonge aussi dans les collections. Et je suis aussi allée visiter la friche, en fait, qui va bientôt être démolie. Donc, toute la friche industrielle qui va être détruite du jour au lendemain. Donc, c'est vrai que là, la friche a aussi pris beaucoup de place. Vu qu'il y a une disparition prochaine, il y a une espèce d'urgence à garder la trace, en fait, de ce passé de cette activité faïencière. Et au fur et à mesure, il y a d'autres rencontres qui se créent. Moi, je ne suis là que depuis trois semaines. Quand je fais mes projets, je ne sais jamais exactement ce que je vais trouver. Là, j'en suis là en ce moment. Et c'est les rencontres qui font que mon travail prendra telle ou telle direction. Et là, je suis encore dans un temps où je découvre le territoire, je rencontre les gens et j'ai hâte de mieux connaître ces arguments. Là, c'est pour le début. - Ça veut dire que c'est vraiment un travail de recherche que tu fais. Et après, tu as toutes les informations et après, tu vas à la création. - C'est ça. Et tant que je ne maîtrise pas le sujet, je n'arrive pas à être dans un processus créatif. D'autre part, là, par exemple, je sais qu'il y a plein de pistes. C'est aussi comment je canalise tout ça. Comment je fais des choix aussi. Là, j'ai une résidence qui, je sais déjà qu'elle est trop courte aussi pour faire tout ce que j'ai envie de faire. Donc, je suis aussi déjà en train de chercher des partenariats pour poursuivre ce travail-là. Parce que voilà, on est quand même sur plus de 200 ans d'histoire. Il y a ce côté frontalier aussi qui, clairement, m'intéresse beaucoup. Malheureusement, moi, j'ai la barrière de la langue parce que je ne parle pas allemand. Mais ça fait partie des choses qui seraient d'aller voir de l'autre côté, de rencontrer aussi des faïenciers et des faïencières qui vivent en Allemagne. Donc, il y a plein de choses. Parce que normalement, une résidence, ça dure combien de temps? C'est un mois ou deux mois? Ça dépend. Ça peut être d'une semaine. Parfois, ça peut être une semaine à six mois. Il y a vraiment des projets qui peuvent se... Ça dépend des... Il y a plein de formats. Alors, tu m'as déjà un peu répondu à cette question. Tu travailles avec plusieurs médias, la céramique, photographie, gravure et vidéo. Et tu explores le monde de celles et ceux qui travaillent avec l'argile en faisant des céramiques et des photographies. Alors, qu'est-ce qui t'intéresse en travaillant avec la céramique? Le fait d'aller vers... En fait, c'est vrai que moi, je suis moi-même dans une pratique céramique où j'ai un travail plus contemporain dans une démarche contemporaine d'installation, mais j'ai aussi un travail de potière. Donc, c'est vrai que j'ai une vraie sensibilité pour ce métier-là. Et en fait, on s'aperçoit que par ce savoir-faire, ça crée le lien. C'est-à-dire que, par exemple, je viens rencontrer des collègues. Moi, je viens avec des pièces en céramique que j'offre quand j'arrive. Il y a un échange qui se crée. Je pense que c'est ça. Je ne sais pas si tout est venu assez naturellement, mais je pense que c'est ça, le lien. Ensuite, la photographie, c'est elle qui m'accompagne dès le départ. C'est-à-dire que c'est mon regard, un regard un peu plus... On est de l'instant présent, mais aussi un côté un peu plus documentaire au départ, qui va finalement devenir un médium de création. Donc, moi, je fais la photographie argentique, je développe mes films, je fais mes tirages. Et en fait, la particularité, c'est que parfois, je fais des tirages argentiques sur céramique. Donc, je vais rendre ma céramique sensible à la lumière. Je vais l'emmener en chambre noire et je vais révéler l'image directement sur la terre. Donc, la terre devient un support et rajoute une épaisseur à l'image. Donc, il y a une fusion qui s'opère entre ces deux médiums, qui, pour moi, parle de la trace, de la mémoire. Et qui, dans la manière où la matière va évoluer, la photographie argentique se révèle dans le révélateur, la photographie apparaît, et se fige. Et dans le four, la terre va venir aussi... Il y a un geste qu'on vient figer. En fait, il y a plein de choses. Je trouve que quand je parle d'un médium et de l'autre, il y a plein de choses en commun. Et ensuite, ce n'est pas systématique. Des fois, ça peut être une image en regard des céramiques. Mais c'est vrai que la photographie, en tout cas, est présente du début à la fin. Et après, selon ce que j'ai envie de dire, il y a d'autres médiums qui vont venir s'inviter. Ça veut dire, oui, par exemple, tu fais aussi des gravures. Est-ce qu'il y a des gravures ici, dans l'exposition ? Alors, il n'y en a pas dans celle-ci. Par contre, l'exposition, le travail sur la poterie de Fès, on a ces formes qui font référence au travail dans l'entreprise de celui qui va malaxer la terre, la pétrir pour qu'elle soit homogène et qu'elle puisse être donnée au tourneur. Toute cette forme, on y voit le geste de tous ces efforts. Cette forme m'a fascinée et j'ai tout un travail de monotype en lien avec ce travail. D'accord. Et les vidéos, quel rôle jouent les vidéos dans ton travail ? Eh bien, là, la même manière pour le travail sur la poterie de Fès. Donc, comme je vous le disais, d'un endroit à l'autre, je ne sais pas ce qui va me marquer. Et là, c'est la rencontre avec Drake, qui est la personne qui passait... En fait, on est toujours fasciné par le tourneur, par les formes qui vont se créer sur le tour. Mais on oublie que si la terre n'est pas malaxée correctement, la terre n'est pas homogène, il y a des bouts d'air et on n'arrive pas à travailler. Et Drake, discrètement, dans cet atelier, passe sa journée à recycler l'argile, à la pétrir, à l'amener au tourneur, à récupérer les pièces. Et je voulais vraiment mettre en avant ce geste. Et en fait, cette vidéo marque vraiment, on sent le geste répétitif. On voit même qu'il se crée un rythme, en fait, pour gérer cet effort-là. Et voilà, j'ai vraiment voulu mettre en avant ce geste-là. - Là, la vidéo est nécessaire. La gravure, j'ai fait une résidence à Dresden, en Allemagne, une résidence gravure. Et à Dresden, en fait, est née la première manufacture de porcelaine en Europe. Et en fait, j'ai parlé de ça, mais là, qu'avec de la gravure. J'avais deux mois de résidence avec un atelier, un accès à un atelier gravure. Alors, on ne m'arrêtait plus. Et donc là, pour le coup, il n'y a pas de céramique. Il y a un peu de photogravure. - Alors ici, au Castel Coucou, tu nous montres dans ton installation deux ateliers de production différents. Un se trouve au Burkina Faso et l'autre au Maroc. Pourquoi as-tu choisi ces deux pays et comment ces deux lieux de production se ressemblent et en quoi ils se distinguent ? - Alors, comme je disais, en fait, là, ça permet de montrer tout ce qui se passe en amont. Les rencontres et en fait, j'ai fait toute une vitrine où je viens poser les récits et expliquer comment les choses s'organisent. Et comme je disais, s'il n'y a pas de rencontre, il n'y a pas de projet. Comment les projets se créent ? Par exemple, le Burkina Faso, c'était en 2015. Ça faisait un moment que je voulais y aller. Et je n'avais pas de situation de rencontre authentique. C'est l'authenticité des liens qui sont importants pour moi. Et j'entends parler de la Supa Pele, une association qui embauche un artiste burkinabé à l'année et qui envoie des artistes pour travailler avec lui, proposer d'autres activités aux enfants du quartier. Et je vais rencontrer cette association. Je leur explique, je leur dis, voilà, moi, j'ai envie de rencontrer les potières. Je sais que ce n'est pas par Internet que ça se passe. Il faut que je crée un premier lien et vous, vous permettez d'être vraiment au cœur d'une vie, en fait, d'un quotidien. Elle me dit, pas de souci, parle le mois prochain. Le mois d'après, j'y étais. Et donc le matin, je travaillais. En fait, dès qu'il y a cette situation là, c'est bon. Et le matin, je travaillais avec les enfants. Et l'après-midi, dès le premier jour, Ibe, l'artiste qui est embauchée par l'association, me présente à Salimata, une potière. Et là, en fait, je perds une vraie relation d'amitié qui se crée. Et donc, chaque jour, je venais travailler avec elle. Et en fait, à la fin, ce qui s'est passé, ce qu'on a fait, les ateliers, on a travaillé avec la même technique que les potières. On a invité les potières au vernissage des enfants. Et là, il y a un super moment d'échange, où les potières donnent des conseils aux enfants. C'est comment créer le lien aussi, de cette manière-là. Pour Fez, en fait, j'ai postulé à une résidence. Et pour pouvoir développer mon projet de candidature, je contacte l'association Cinéma d'Afrique, qui est basée à Angers, ma vie natale, que je connaissais. Enfin, je connaissais un peu cette association. Je leur explique la situation. Je leur dis « Est-ce que vous auriez des contacts pour pouvoir être dans un échange pareil, ou classique ? » Et en fait, quand on s'est revus, je leur dis « Écoutez, finalement, je ne pars plus, je n'ai pas eu la résidence. » Et là, l'association me dit « Si, si, nous, on va t'aider à démarrer le projet. » Et donc, elles m'ont mis en contact avec une personne qui m'a hébergée. Donc, j'étais dans une famille. Donc, en fait, il suffit de ces petites choses-là. Moi, j'ai plein de projets en tête. Mais tant qu'il n'y a pas ce lien, ça ne s'actionne pas. Oui. Et c'était quand, FES ? FES, c'était en 2016. Et la dernière histoire, vu que je suis là sur l'Algérie. L'Algérie, en fait, quand j'étais au Maroc, je tombe sur une poterie kabyle et je fonds en larmes. Et wow, qu'est-ce qui se passe ? J'apprends que les symboles sur les poteries sont un langage pour les femmes et qu'elles se transmettent des messages entre elles. Alors là, j'ai voulu en savoir plus. Je mets ça de côté et je tombe par hasard, deux ans plus tard, sur un appel de l'Institut français d'Alger pour des projets créatifs. Et je me dis, si je n'ai pas de contact en Algérie, je n'aurai jamais cette résidence. Je n'aurais jamais dit ça. Donc, je tape "poterie kabyle Alsace" et je tombe sur l'ancien directeur de l'écomusée d'Alsace qui était parti en Algérie et qui avait fait un blog. Et à la fin de son blog, il y a son adresse postale. Je tape ça dans les pages blanches. Je l'appelle chez lui et je lui explique. Je lui dis, voilà, je suis potière. J'aimerais créer un lien avec les potières en Kabylie. Est-ce que vous auriez des contacts ? Et dans la foulée, il m'écrit en me disant, s'il y a plus de 10 ans, je te communique des mails, mais je ne te promets rien. Dans la foulée, j'écris en Algérie et Amar me répond, mais viens quand tu veux à la maison. Ma mère et ma soeur sont potières. Un mois après, j'étais chez Amar. Et de là, une vraie relation d'amitié est née. Amar et Zahia sont juste... Voilà, c'est un peu ma famille kabyles. Quelles sont les différences ? Tu as dit déjà en Burkina Faso, ce sont plutôt les femmes. Au Maroc, plutôt des hommes. Mais au Maroc, dans les villes marocaines. D'accord. Parce qu'en fait, la poterie berbère, c'était plus les femmes. En fait, quand il y a une... Quand la céramique, il y a un but économique derrière. C'est pris en main par les hommes. Très souvent. Je me suis demandé, quand j'ai vu les céramiques en haut, est-ce qu'elles sont pleines ? Non, elles sont vides. Elles sont vides, d'accord. Alors, pour ça, c'est vrai ? Les façonnées, les pièces du Burkina, c'est... En fait, les pièces qui parlent du Burkina Faso, c'est de la terre que j'ai pilée et tamisée là-bas et que j'ai ramenée en avion. Et j'ai façonné les pièces avec les mêmes techniques que les potières. Comment les photos apparaissent après sur la surface de la céramique ? En fait, je rends la terre sensible à la lumière avec des procédés photographiques anciens. D'accord. C'est... Quand on a découvert la photographie, il y a plein de scientifiques qui ont expérimenté. Et c'est notamment grâce à la présence qu'en fait, je vous expliquais que quand j'étais étudiante, j'ai très vite essayé d'associer les deux. Je suis arrivée en équivalence à la HEAR de Strasbourg et j'ai eu une chance incroyable de rencontrer Camille Bonnefoy, qui est spécialisée dans les techniques alternatives de la photo et qui m'a donné des pistes de travail. Et voilà, j'ai pu vraiment arriver à associer, à fusionner en fait vraiment la technique argentique avec la céramique. Oui. Ça veut dire qu'ils sont aussi très fragiles ? C'est la même fragilité qu'un tirage argentique. En fait, c'est vraiment les mêmes... D'accord. OK. Le titre de l'exposition est "Terre". Alors, quel matériel utilises-tu dans ces céramiques ? Bon, évidemment, tu as dit un Burkina Faso, où tu as utilisé l'argile de là-bas. Le travail de céramique avec la terre du Burkina, pour moi, c'était le... J'étais vraiment contente de pouvoir travailler avec la terre que j'ai préparée en plus avec Sally Matta. On l'a travaillée ensemble et il y avait une vraie continuité et ça avait vraiment toute son importance. Après, dans la terre, sinon je travaille plus les grès ou les porcelaines, mais en plus des terres qui vont cuire à plus haute température. On a tous nos sensibilités en tant que céramiste et moi, c'est vraiment... C'est vraiment les argiles que j'utilise. D'accord. J'ai l'impression que mon travail part d'un travail plus documentaire et un peu anthropologique. Je m'en rends compte de plus en plus. Après, je dis ça avec prudence parce que ce n'est pas ma profession, mais je vais dans ces démarches-là et ensuite, je prends une direction qui va plus vers l'art contemporain. Et c'est vrai que par contre, j'utilise des médiums... J'utilise vraiment un travail artisanal aussi pour arriver à toutes ces étapes-là. Et je pense que j'ai aussi envie de parler de l'artisanat parce qu'il y a une scission qui est faite très souvent entre l'artisanat et l'art contemporain. Et depuis étudiant, ça m'a toujours révoltée. Je n'ai jamais compris cette scission et ça me permet peut-être aussi de créer ces points. Oui, ce qui m'intéresse aussi beaucoup, c'est que tu étais en Kabylie et tu as dit que les femmes ont communiqué avec des signes. Qu'est-ce que tu pourrais me raconter plus là-dessus ? En fait, jusqu'à encore deux générations, les femmes... Par exemple, une fille quittait sa famille. Elle était... Quand elle quittait ses parents, elle allait dans sa belle famille. Et la mère, quand elle voulait avoir des nouvelles de sa fille, le père pouvait aller chez la fille, récupérer une poterie, la remettre à la mère. Et la mère pouvait savoir, grâce à cette poterie, si elle mangeait bien, si elle était heureuse ou non. En fait, ça fait partie des histoires de cette transmission grâce aux poteries. Mais quand je disais que c'est ce qui... Donc, ces symboles, cette écriture, ce langage, c'est une des choses qui m'intéressent. Et là, j'ai des recherches que je poursuis au MUSSEM, là, en mai prochain. Je rencontre... Il y a d'autres rechercheurs, en fait, que je rencontre pour pouvoir parler de ça. Parce que je ne suis pas la seule à m'intéresser à ce sujet-là. De ces signes qui peuvent être retrouvés dans les bijoux, dans les tapis, d'où ça vient, comment ils sont arrivés là, et comment... Voilà, ça fait partie... Ce qui est fort, c'est de se dire, jusqu'à il y a deux générations, ça existait encore. Maintenant, ça devient plus des décorations. Et en fait, si ça... En fait, ce qui est un peu fou, c'est que... Dans certains pays, le fait qu'il y a beaucoup de tourisme, la céramique traditionnelle évolue pour répondre à une demande. En fait, en Algérie, vu qu'il y a peu de tourisme, c'est ce qui fait aussi que c'est resté authentique aussi longtemps. Mais par contre, c'est ce qui fait que ça se perd. Parce qu'il n'y a pas de... Économiquement, en fait... Les jeunes générations ne reprennent pas ce métier-là. Et quand je suis allée sur place, j'y allais pour... Au départ, c'est parti d'une poterie, découverte dans un musée. Et en fait, j'ai aussi découvert... J'étais marquée par la sororité, en fait, des espaces de liberté que s'offraient les femmes là-bas. Et aussi, le chant. J'étais venue... Là, quand je disais qu'il y a plusieurs... J'utilise plusieurs médias, là, je suis survenue avec des chants traditionnels, qui sont des achouirs, qui se transmettent de génération en génération, oralement, et qui se perdent tout doucement. Et donc, là, par exemple, c'est... Moi, j'ai envie de parler de tout ça. Donc là, il a fallu que... Là, j'y étais en 2018. J'y suis retournée l'année dernière. Et ce projet-là, pour l'instant, j'ai de la matière, j'ai ces photos, ces vidéos, ces chants, ces rencontres. J'ai toujours mon carnet où je dessine, où j'écris. Mais je ne suis pas encore passée à l'étape d'installation parce que je sens... Voilà, j'ai besoin de comprendre les choses. Et là, par contre, il y a des choses qui... Je sais déjà tout doucement les pistes que j'ai envie de suivre. Très, très bien, oui. Actuellement, tu vis à Strasbourg et tu fais partie d'un collectif qui est installé depuis peu à Meisenthal. Décrivez-nous, qu'est-ce que vous faites là et quel est votre but ? Alors, on est... En fait, on est plusieurs artistes, artisans, musiciens. En fait, on a mutualisé nos moyens et notre énergie pour créer ce lieu. En fait, on est actuellement encore en travaux. Donc, on est en train de réhabiliter une ancienne miroirerie du village. Et l'idée, c'est d'y avoir nos activités professionnelles et une association sur place, en fait, qui coordonne des projets sur le lieu. Donc, nos activités professionnelles et des ateliers qui puissent être... Où les gens peuvent s'approprier, en fait, ces ateliers. Donc, la sérigraphie, la photographie argentique, c'est juste complètement logique de mutualiser ces outils-là. Donc, un lieu de création, mais un lieu ouvert aussi au public extérieur, avec aussi des événements pour réunir différents publics. Donc, il y a... Comme je disais, il y a des musiciens, il y a un verrier, il y a un peintre, il y a un boulanger-pâtissier. Moi avec la céramique et la photographie. Et donc, c'est en cours de construction. Donc, on est dans les travaux, dans les recherches de financement, de partenariats. On a nos activités aussi. Et puis, on essaie aussi, on se construit en tant que... Notre projet évolue aussi. Mais en tout cas, ça fait... En juin, ça fera trois ans qu'on a les clés. Et on est toujours aussi contents de construire ensemble. Et puis, on essaye aussi de... L'idée, c'est comment on peut être complémentaire à ce qui existe déjà. Il y a déjà des super dynamiques là-bas, il y a des choses qui existent. Donc, comment nous, on peut... Comment on arrive et comment on s'intègre à tout ça. Alors, le site va bientôt être... Là, il est en construction, il va bientôt être en ligne. Et sinon, c'est Instagram, c'est "b" minuscule, point. "itchissime". Et pour ne pas être censuré, on met un point. Ah oui, d'accord. Donc, ça, c'est l'association. D'accord. Donc, ça, c'est sur Instagram. D'accord. Et le Facebook, c'est la même chose. Et en fait, le lieu qui comprend... Là, l'association "c'est pétissime", et le lieu qui comprend nos lieux d'activité et d'association, c'est le chalet du saupferch. Je peux me noter aussi. Le chalet du saupferch. Ah ben voilà, c'est ça. C'est ça. D'accord, OK. Alors, je vais inclure tout ça dans les shownotes parce que c'est un peu compliqué. Peut-être on peut juste faire un tout petit tour. Et il y a le son aussi. Tu as entendu avec le son avant que j'arrive ou pas ? J'ai déjà entendu, oui. Oui, ben du coup, tu as vu. Oui, oui. C'est cette vidéo, le son à son importance aussi. Oui, oui. Autour du rythme, en fait. Ça, ça fait partie des choses aussi que je découvre sur place. Comme je disais, moi, je voulais vraiment parler de ce personnage énergique, festiv, d'une gentiesse folle, qui faisait un thé à la menthe, qu'il allait donner à tous les travailleurs de l'atelier. Moi, j'avais le droit à mon petit thé aussi. Et voilà, c'est cette personne qui m'a touchée aussi. Et puis, c'est toute cette étape aussi qui est aussi universelle. En fait, c'est cette idée de malaxer correctement la terre. Oui. C'est partout. Et je sais qu'on parlait de pistes qui aboutissaient ou pas. Je sais que sur ce travail de malaxer, il y a des techniques différentes qui exigent. Je sais qu'en Corée, il y a une technique très particulière aussi. Au Japon, j'ai aussi fait un projet au Japon il y a quelques années. Et voilà, ça sera une autre technique aussi. Donc, ce geste, il n'est pas anodin. Et il est juste oublié parce qu'il est un peu à l'arrière boutique, dans l'arrière boutique d'une production. Et les formes comme ça, c'est... Ça reprend ce fameux pain de terre qui est donné après au tourneur. Oui. Donc, j'avais au départ fait une série à échelle 1 de ces pains de terre. Et c'est cette forme en fait qui m'a fascinée. On peut le voir sur mon Instagram, ces formes-là. En fait, le travail sur Fès, je l'appelle "Bleu faci", parce que le bleu est omniprésent, a beaucoup d'importance dans la ville et aussi dans la céramique. Et donc, j'ai toute une série de monotypes bleus qui reprennent cette forme aussi. Donc, c'est vraiment la forme du pain de terre qui est donné au tourneur que j'ai repris et réinterprété. Je l'ai fait à une autre échelle aussi, parce que de la même manière où on voit le potier mettre toute cette énergie dans le travail de l'arché, moi-même, en tant que céramiste, je voulais mettre mon corps à l'épreuve et faire un travail à grande échelle. Parce que quand on travaille en fait sur une petite sculpture ou quelque chose de plus grand, on s'implique autrement aussi. Et j'avais fait... La première fois que j'ai montré ce travail, j'ai fait venir une performeuse pour travailler autour de cette question du rythme et de l'implication du corps. Et ça, c'est ? Alors là, c'est la photographie argentique sur papier porcelaine. Donc là, j'ai créé mon papier porcelaine. Et là, de la même manière, sur ce support, en fait, la céramique va venir redonner une matière à l'image. C'est sont ces questions-là. Et aussi, je parlais d'épaisseur. En fait, on parle d'épaisseur dans la photographie. Là, en fait, on le retrouve complètement dans cette association. C'est formidable. Et là, on voit dans ces vidéos, c'est la couleur qui sort des plantes. Oui, et dans cette couleur, en fait, on le voit par la suite. Donc, ça ne va pas devenir... Là, on voit, ça noircit la terre. Donc, c'est le néré. La plante s'appelle le néré. Elles viennent le frotter. Et pour la petite anecdote, en fait, j'ai repris la même technique pour les enfants. Donc, j'avais ramené les plantes, on avait préparé avec les enfants. Et quand ils ont sorti leur petite sculpture, pareil, je l'ai trempée dans le néré. Et quand les potières sont venues au vernissage, elles m'ont dit "ça ne va pas là". Et en fait, elles m'ont dit... En fait, les plantes, j'avais oublié de les enlever de l'eau. On me dit "c'est pour ça, ça n'a pas marché". D'accord. Donc, voilà. Donc, on a là la préparation qu'elles ont faite. Et en fait, quand elles viennent frotter le néré, apparemment, elles enlèvent les résidus pour que ça marche. D'accord. Moi, je viens en observatrice et puis en filmeuse. On crée des liens amicaux, en fait. Et c'est... Et je ne peux pas faire de projet autrement. Ça, c'est Salimata, en fait, qui m'a été présentée dès mon premier jour à Bobo-Dioulasso. Et il y a une vraie relation d'amitié qui s'est tout de suite créée. J'ai appris... Donc, elle est décédée il y a deux ans. Ah. Elle était malade ? Oui. Ben... Pas quand j'y étais. Et là, c'est la première fois que je montre ce travail depuis. C'était assez... Par exemple, le portrait, ce papier porcelaine qu'on voit dans la vitrine, en fait, donc c'est Salimata. Et je... Voilà, c'est... Partie de comment, en fait, je... Au départ, je ne voulais pas avoir ce tirage-là. Et je voulais... Voilà, il fallait que je la présente, en fait. C'est-à-dire que là, comme j'avais expliqué à l'association, - je dis, je viens créer un premier lien. Je reviendrai peut-être avec un dessin, un écrit, des photos, je ne sais pas, en fait, comment ma présence sera reçue. Si elle avait été mal reçue, ben, je serais allée peut-être dans un autre village. Enfin, j'ai eu la chance de rencontrer Camille Viau, qui est un céramiste qui a beaucoup travaillé, en fait, en Asie de l'Ouest. Et il m'avait conseillé. Comme je disais, j'ai très vite eu... Dès que j'ai démarré la céramique, très vite, j'ai eu envie de partir là-bas. Et il m'a dit, ben, je ne peux pas te donner d'autres conseils, que d'aller là-bas, d'aller sur un marché et de te faire ramener dans un village de potiers. D'accord, d'accord. Et donc, de la même manière, si ma présence avait été mal perçue, ben, je serais rencontrée de vue. Voilà, on n'aurait jamais rien forcé. Et j'avais beaucoup d'appréhension en rentrant les potiers de Fès, parce qu'on est sur des ateliers qu'avec des hommes. Et moi, j'arrive, jeune Française, et en fait, super accueil. Et dans mes expositions et dans ce que je cherche à montrer, je parle bien d'une rencontre, et pas de la céramique marocaine ou de la céramique burkina en général. Parce qu'en fait, à quelques mètres, quelques kilomètres, la pratique ne sera pas la même, les habitudes ne seront pas les mêmes. Et ça, c'est important de le dire, parce que c'est vraiment une rencontre dans un atelier. D'accord. Écoute, merci beaucoup. C'était vraiment super. Ça a été ? Ça m'a beaucoup plu, oui. Je trouve surtout qu'avec l'art contemporain, c'est pas toujours évident. Oui, bien sûr. Là, ça va, t'as réussi. Très bien, merci beaucoup. Merci d'avoir pris le temps. Merci beaucoup d'avoir écouté. Vous trouverez les sous-titres en anglais et en allemand sur YouTube et sur notre blog. À la prochaine, votre Verena Feldbausch. (musique) Vous avez aimé art talk ? Alors laissez-nous 5 étoiles recommandez-nous à vos amis. Plus d'infos sur le podcast dans les shownotes et dans notre blog. Rejoignez-nous quand on dit "Nous parlons de l'art" à art talk, le podcast d'art de SaarLorLux. (musique) (musique)